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Le crabe sans la mayo
25 janvier 2015

Un poème de Francis Blanche

fblancheAprès Franquin et Gaston, un autre grand dépressif qui cachait son mal être derrière la dérision et l'humour permanents. Mort trop tôt à 52 ans, on se souvient de ses sketches et feuilletons radiophoniques – Signé Furax - , de son interprétation, au milieu d'un foule de nanars de subsistance (voire de survie) du notaire véreux, Maitre Folace, dans les Tontons Flingueurs (vous savez le film avec la réplique culte « les cons, ça ose tout ... » - voir mon billet du 11 janvier - ) ou de Papa Schultz dans « Babette s'en va t en guerre ».

On se souviendra aussi de son immortel sketch avec son ami Pierre Dac : « Le sar Rabindrana Duval » (clic sur le lien vers la vidéo en colonne de droite). Pensez vous que ça a vieilli ou que cela demereura comme un incunable de l'humour ?

Francis Blanche était aussi un doux poète et voici, extrait de son recueil « Mon oursin et moi » : Le Robot et le Cornard, sorte de conte sentimental à la manière – très actualisée – de La Fontaine …. NB : j'ai respecté la ponctuation, ou son absence, du texte original.

 

Figurez-vous que par un beau matin,

De l'an 2981,

Un monsieur au cœur tendre

Venait soudain d'apprendre

Que sa maitresse le trompait

Et le pauvre se lamentait

En contant son malheur à qui voulait l'entendre

« A quoi sert - disait il – que le temps soit vaincu

Il n'y a plus de chefs de gare

Mais il y a toujours des cocus »

Et tandis qu'il songeait que ce n'est pas un rôle

Drole

Il sentit soudain

Une lourde main

Qui se posait doucement sur son épaule

Il se retournat et – stupéfaction ! -

Vit à coté de lui un homme mécanique

Un robot – puisqu'il faut l'appeller par son nom -

Qui le regardait avec compassion

Et lui dit tout à coup d'une voix métallique :

« Pauvres humains à l'âme trop sensible

Si vous avez souffert et soufrirez encore

C'est que votre cœur est la cible

Ou s'acharnent les coups du sort …

Vous, Monsieur, qui pleurez à cause d'une femme,

Pour qui l'amour est tourment

Il suffirait simplement

Pour éviter ces drames

Que vous n'ayez plus d'âme …

Ah ! … si comme moi vous étiez

En acier,

L'oeil sec et le corps bien trempé,

Le cœur en formica et le cerveau en cuivre,

Là, vous pourriez vraiment gôuter la joie de vivre !

Si vous saviez comme c'est beau

D'ètre un robot ! …

Jamais ne pleure ni ne ris

Rien ne m'effraie, rien ne m'épate,

Je ne mange qu'un plat de riz

Et même ce riz là, c'est du riz ... automate !

Jamais d'amour ni de passion,

Donc, jamais de complications,

Jamais, trompé, jamais déçu,

Jamais cocu,

Croyez moi donc, faites vous mettre

Un cœur en vinyle stratifié

Avec un gros décibelmètre

Vous saurez ce que c'est que la tranquilité ... »

« Merci répondit le cornard,

C'est très gentil de votre part,

Je ne vous en garde aucune

Rancune,

Mais j'aime mieux mon infortune

La tranquilité, je m'en fiche

Une vie sans amour, c'est un bateau sans mât,

Or on ne peut ruiner que celui qu fût riche

Et l'on ne peut tromper que celui qu'on aima ... »

Le robot, honteux et confus

S'en fut

Et le cornard, oubliant chagrin et remords,

Jura que malgré tout, on l'y prendrait encore !!!

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