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Le crabe sans la mayo
25 juin 2015

Bisounours et Satanas

Lorsque j’ai débarqué à New York (c’était il y a vingt-cinq ans, à l’occasion d’un incentive gagné dans mon entreprise), j’étais écrasé par le grandiose (et deux fois plutôt qu’une, comme dans le clip suivant) des lieux, impressionné par l’hyperactivité des gens qui semblaient courir sans discontinuer, stupéfait par les contingents d’obèses et de fous de dieu à tous les coins de rue et enfin, séduit par l’accueil enthousiaste des musiciens d’un club de jazz de Harlem : nous étions Français et c’était le meilleur passeport à leur présenter ; ils n’avaient pas oublié que la France s’était montrée généreuse à l’égard de Charlie Bird  Parker, de Miles Davis et d’autres musiciens noirs lorsqu’ils n’étaient plus vraiment en odeur de sainteté dans leur pays natal.

Nougayork, Claude Nougaro, HD

Même qualité d’accueil à Philadelphie à cause de La Fayette et à Washington en raison du fait que c’est un architecte français qui a dessiné les plans de la capitale fédérale avec cette particularité : au pays des gratte-ciels, les immeubles de Washington ne dépassent pas dix étages. En résumé, pour l’avoir vécu, il semble bien que les Américains nous aiment (quoique, au fin fond du Texas ou de la Bible Belt, je doute fortement de la capacité d’empathie du petit blanc standard), alors pourquoi leur gouvernement et sa bureaucratie – qu’il soit démocrate ou républicain – éprouvent-ils le besoin de nous espionner par NSA interposée ? Dans une histoire d’amour, n’est-ce pas par jalousie qu’on espionne l’être aimé ?

bisounoursRemarquez bien, de notre côté, c’est le même mécanisme d’attraction/répulsion, de schizophrénie Bisounours/Satanas. Côté Bisounours quelques exemples en vrac : Sardou et sa chanson « Si les ricains n’étaient pas là », les déclarations énamourées de Sarkozy allant jusqu’au retour de la France dans l’OTAN, les yeux de Chimène de nos diplômés d’école de commerce (ou de cuisine) pour aller réussir aux States, notre consommation immodérée de burgers, l’adoption du rap dans nos banlieues et la traversée de l’Atlantique par l’Hermione, célébrant l’aide apportée par La Fayette aux insurgés de Boston.

 

satanasCoté Satanas, les exemples peuvent être aussi nombreux : notre refus de nous aligner systématiquement sur la politique américaine (voir le discours de Villepin à l’ONU contre la guerre en Irak de Bubush junior), notre défiance à l’égard des « bienfaits phyto-sanitaires » de Monsanto, les protestations de plus en plus vives contre les accords transatlantiques de libre- échange en cours et la révolte des salariés de PME pressurées par les fonds de pension américains (lesquels ont pour objectif final d’assurer le maximum de revenus aux retraités en villégiature en Floride).

 

Au final, en France on aime les américains mais on déteste l’expression de l’impérialisme américain, de même qu’aux Etats Unis, on aime les français et notre qualité de vie mais on déteste notre supposée arrogance et notre tendance à donner des leçons au monde entier. Alors l’espionnage de la NSA, ça vient perturber un peu plus ce jeu de la dichotomie Bisounours/Satanas mais gageons que lorsque l’Hermione arrivera à New York le 4 juillet, jour de la fête nationale américaine, ça se sera calmé : une actualité chassant l’autre, en dix jours d’info en continu et en pleine frénésie des soldes d’été, on sera passé à autre chose.

hermione

 

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