"Soulagée" dans l'Hebdo du Vendredi

Comme je paratage entièrement l'avis émis dans cet Edito, je me suis permis de le reproduire au cas où vous l'auriez raté, à Reims, mais aussi pour tous mes honorables lecteurs & lectrices qui ne résident pas dans la cité des sacres. Vous pouvez retrouver l'édition numérique dans les liens colonne de droite ...

Mercredi matin, en retrouvant Charlie dans la boîte aux lettres, je dois bien l’avouer, j’ai été soulagée. Nul besoin de courir les kiosques et d’attendre des plombes pour finalement s’entendre dire « revenez demain matin, à l’aube ». Ni de m’endetter sur 77 ans – voire 177 - pour dénicher le p’tit dernier via eBay, et enrichir au passage la communauté des e-charognards. Surtout, j’ai été soulagée de constater que Charlie est toujours là. Soulagée de retrouver Cabu, Charb, Tignous, Wolinsky, Honoré, tous les autres. Et même ce bon vieux Mahomet, fidèle au poste. Un bref moment – mais Dieu que c’est bon ! -, le temps s’est arrêté. La spirale infernale des médias s’est enrayée, les commentaires à vomir sur les réseaux sociaux se sont envolés, et les politiques ont disparu des écrans télé. Oui, d’accord, la liberté d’expression… Mais quand tout le monde s’y met, difficile de s’entendre parler. Ne vaudrait-il pas mieux dessiner ?

La seconde d’après, tout était revenu à l’anormal. Les querelles politiciennes sur fond d’unité nationale, les tentatives lamentables de stars déchues pour faire le buzz, les sempiternels amalgames entre origine, religion et bêtise humaine, les atrocités commises au nom de « je ne sais quoi » par Boko Haram. Et même des vidéos sur le web pour nous faire joyeusement partager les funérailles de Cabu, organisées à Châlons en toute intimité. Charlie, lui, il s’en fout, il pardonne. Alors abonnons-nous et rions-en tous.

Sonia Legendre _ Editorial de l'Hebdo du Vendredi du 16 Janvier 2015